26 janvier 2006

CPE : les passions se déchaînent

Les syndicats étudiants (UNEF en tête), les syndicats traditionnels (sauf la CGC) et les divers mouvements de jeunes de gauche/extrême gauche (avec le Mouvement des Jeunes Socialistes (MJS) au front comme toujours) ont tous appelés à la mobilisation contre le CPE.

Pour les nombreux lecteurs de ce blog qui ne reçoivent pas la télévision française et ne peuvent donc pas profiter de la vision éclairée de TF1 sur les problèmes d'actualité, commençons par qu'est-ce que le CPE ?

Il s'agit du nouveau projet phare de Dominique de Villepin. Il s'agit d'une loi modifiant le Code du Travail, concernant tous les jeunes de moins de 26 ans. Ces jeunes seront, si la loi est adoptée telle quelle par les deux chambres, soumis à une période d'essai de deux ans. Tous les stages, formations en alternance et autres CDD effectués pour l'entreprise comptent dans ces deux ans. Pendant cette période, ils peuvent se faire renvoyer sans motif spécifique. Ils ont néanmoins droit à une formation de 40 heures par an, utilisable dès le premier mois, et à une indemnité de licenciement dès le 4ème mois. Si il survit à ces 2 ans, le jeune entre alors dans le régime classique du CDI et ne peut être renvoyé que pour faute grave ou problème économique important dans l'entreprise.

Cette loi devrait selon le gouvernement favoriser l'embauche des jeunes, réduire leur taux de chomage et la précarité. Pour le moment les jeunes subissent un fort taux de chomage, allant jusqu'à 40% pour les non qualifiés et vivent les 10 premières années de leurs carrières dans la précarité (chiffre tiré de ce tract des Jeunes Communistes, notons que le premier ministre parle lui de 11 ans de précarité dans ses prises de parole a l'assemblée, dont le lien de la retranscription est associé à son nom au début de ce post). Le CPE propose donc de réelles avancées par rapport aux emploi-jeunes (voir ce tableau récapitulatif), en particulier dans les aspects liés aux assurances chomage. Si la mesure contribue à ce qu'une majorité des jeunes embauchés avec ce CPE restent dans l'entreprise les deux ans nécessaires pour obtenir le CDI, il est possible qu'il contribue à améliorer la situation de précarité dans laquelle sont les jeunes. Les syndicats étudiant en doutent fortement, et pour protester organisent le 7 février, sous l'égide de la plupart des partis de l'opposition et des syndicats professionnels, une grande manifestation à Paris. Le fait que cette association avec la gauche remette en cause les revendications d'apolitisme des syndicats étudiants ne change pas vraiment de l'ordinaire.


Cependant, je remarque que les arguments donnés par les opposants à la CPE se résument souvent à "ça viens de la Droite donc ça va provoquer l'Armageddon", et leurs propositions alternatives à "il faut juste interdire les licenciements et rendre obligatoire d'embaucher des jeunes". La faiblesse de l'esprit d'analyse des syndicalistes ne doit pas occulter que le texte a de vrais limites :

Ainsi, pourquoi l'appliquer à tous les jeunes et précipiter ainsi dans la précarité ceux qui auraient pu trouver un emploi stable? Je pense surtout aux formations très qualifiées comme certains ingénieurs et mastères. Ils vont devoir vivre les problèmes de la précarité (prêts impossibles à obtenir, avenir incertain, projets compromis...) pour rien. Ensuite pourquoi une durée de mise à l'épreuve de deux ans alors qu'en 6 mois un employeur sait ce que son salarié vaut? Il s'agit manifestement d'appliquer les théories libérales et fluidifier le marcher. Le taux de chomage devrait diminuer tandis que le taux de roulement à certains postes va augmenter. C'est bon pour la croissance et les chiffres, mais est-ce bon pour les jeunes? Enfin, pourquoi instaurer cette mesure sans supprimer les CDD et les intérims? Ça irait dans le sens de la simplification du code du travail et réduirait la précarité.

On peut également craindre le "syndrome de la titularisation": les jeunes travailleraient comme des fous pendant deux ans pour garder le poste et se calmeraient une fois titularisés. Ça encouragerait les entreprises à ne garder leurs jeunes que 2 ans - 1 jour, comme dans la fonction publique où des agents ne sont jamais titularisés (au mépris d'ailleurs de beaucoup de lois).

En tout cas, le débat est ouvert. Wait and see now. Mon opinion personnelle rejoint celle de la CGC : donnons sa chance à la mesure, et si ça rate ce sera à la gauche de montrer ses grandes compétences économiques en 2007...

liens:

pour:
http://ouiaucpe.blogmilitant.com/
http://tribu-cpe.blogspot.com/

contre:
hwww.re-so.net
http://www.stopcpe.net

objectifs:
cet article du Monde

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Juste une question: pourquoi écris-tu "chaumage"???????????

Jacques Franc de Ferrière a dit…

ala, c'est corrigé ;-)

c juste word qui l'avait pas vu... étrange o.O

Anonyme a dit…

no comment...
enfin si...

le CPE çà a l'air d'être un truc sincère de la part du gouvernement (d'ailleur en ce moment il est toujours sincère... tout ce qu'on prend dans la gueule il nous prévient lol)

Le seul truc que je reprocherais à ce contrat (oui un seul... mais de taille) c'est que les entreprises ne joueront pas le jeu...
Elles sont là pour faire du fric et pas du social (je suis en comptabilité, gestion et je voit le truc qui arrive plein pau...).

Et pour moi c'est évident qu'on est partis pour signer pour des contrats de 2 ans - 1 jour à la pelle...

mais bon... faut tenter et sur ce sujet, je dis que de villepin fait ce qu'il peut dans un monde de brutes lol.
C'est pas grave. y'a pire ailleur...

(attention hein ! j'ai pas dit "De Villepin il est cool" !)