09 février 2007

Politique fiction (1)

Les élections ont rendu leurs résultats préliminaires ! SuperPlombier a comme prévu été élu président de la République Française dès le premier tour. Un résultat peu étonnant ce soir, mais encore totalement imprévisible en février dernier, il y a seulement quatre mois. Avant la candidature surprise du super-héros à la présidence, les élections semblaient devoir se jouer entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal. Aujourd'hui, on se souvient à peine qu'ils étaient candidats. Revenons un moment sur cette campagne hors du commun.

Nous nous rappelons tous ce 13 février 2007, et le Grand Incendie de Paris. Une catastrophe qui aurait pu finir en tragédie, si ce n'était l'intervention inopinée et miraculeuse de Michel Rescue. Cet homme incroyable, quarantenaire dirigeant d'une petite entreprise de plomberie employant 2 apprentis, a surtout le pouvoir de voler accompagné d'une force extraordinaire. Il sauva ce jour là plus de 400 personnes d'une mort effroyable et permit d'empêcher la destruction par les flammes du centre historique de Paris. Du jour au lendemain, Michel hérita d'une célébrité qu'il avait pourtant fui toute sa vie, et d'un surnom qui le suivra sûrement pendant le reste de celle-ci. Si les "super pouvoirs" du "SuperPlombier" sont d'origine inconnue même pour ce dernier, l'ensemble du reste de la vie du héros a été révélé au public en moins de deux semaines. Plusieurs interviews exclusives pour les journaux people du monde entier et une promesse de biographie assuraient à Michel plusieurs dizaines de millions d'euros et une confortable retraite. Mais comme le dit si bien cet homme idéaliste: "Toute ma vie j'ai essayé de cacher mes pouvoirs pour avoir une vie normale. Mais je ne pouvais jamais m'empêcher d'aider les personnes en danger. Maintenant que mon anonymat est foutu, je veux pouvoir faire le plus de bien possible autour de moi."

Une idée trottait dans sa tête, et il la révéla à la France entière le 15 Mars. En ces périodes troublées, et face au désamour des français pour les hommes politiques actuels, sa "responsabilité" était de répondre à l'appel de tous ceux qui lui réclamait d'unifier enfin la France sous un homme neutre et responsable. Il avait donc fermé son entreprise, et se présentait à l'Élection Présidentielle.

À partir de là, tout se passa très vite. La création du Parti de l'Union (PU), le ralliement des hommes politiques de tous bords (les ciniques prétendent que les girouettes ne tournent qu'avec le vent) et de personnalités indépendantes, de Nicolas Hulot à Zinédine Zidane, les 500 signatures... Tout était prêt avant fin avril . Et les Français suivirent. Gratifié de 45% d'intentions de vote dès le 16 mars, Michel Rescue attira une encore plus forte sympathie en sa faveur lorsqu'il commença à présenter ses idées politiques. Il condamnait les extrêmes avec une vigueur presque candide. Il sut s'entourer de personnes capables très rapidement (il prétend avec humour que repérer la vraie valeur des gens est un autre de ses pouvoirs. On est tenté de le croire). Et surtout, en plaçant la défense de la nature au centre de sa campagne et en démontrant qu'il était capable d'une gestion de "bon père de famille" de l'économique et du social (en publiant les résultats de sa petite entreprise de plomberie depuis sa création il y 15 ans), il convainquit les Français qu'il serait capable de gérer le pays aussi bien que n'importe lequel des autres candidats. Il a en plus pour lui une déontologie à toute épreuve et une force de caractère presque tangible qui a su rassurer les électeurs. Les journalistes, les autres candidats frénétiques, ni même les RG ne purent rien trouver de plus compromettant qu'une amende de parking pour compromettre l'intégrité du SuperPlombier. La campagne fut balayée par la super-tempête Michel Rescue, et il ne reste plus que des ruines du système politique pré-SuperPlombier. Qui s'en plaindra ?

Car les Français avaient désespérément besoin d'un super-héros au pouvoir. Les petites phrases, les coups par derrière, les idées creuses, les alliances et les trahisons, c'en était trop ! Il aura fallu que la moitié de Paris brûle pour qu'ils trouvent un sauveur, mais personne d'autre aurait mieux convenu. Maintenant, les destinées de tous les habitants d'un pays sont entre ses mains. Mais nous voyons l'avenir avec confiance. Depuis 40 ans que nous l'attendions, c'est comme un rêve devenu réalité. Un superhéro est enfin notre président. Vive la France ! Vive la France de SuperPlombier !

07 février 2007

Bonheur à vendre... Dernières démarques !

En ces périodes de soldes et de Saint Valentin, il est de bon ton de parler de bonheur en tube, de bonheur industriel. L'horrible mode viendrait des États-Unis (on ne sortira donc jamais de notre complexe Corn-Flakes). Mais en bon polémiste, j'ai bien envie d'en parler pour dire que je suis pour...

En fait, le vrai sujet de cet article est un film que je suis allé voir et qui est tout à fait dans le ton : Il s'agit du film A la recherche du bonheur. En parcourant le lien attaché au nom du film vous pourrez en lire une critique éclairée. Vu que je vais dans un instant descendre cette critique avec le plus grand talent (critiquer les critiques est un exercice assez facile, donc il n'y a pas de raison que je me prive de ce bonheur), je vous conseille de la lire. Il se trouve que j'avais beaucoup aimé ce film. Lorsque je l'ai vu, j'étais certes bien accompagné*. Mais ça n'a pas (trop) altéré mon jugement, et j'ai aussi sincèrement apprécié le film. Will Smith est un excellent acteur, et les success stories authentiques m'ont toujours impressionné. Il s'agit ici de l'histoire d'un homme qui va tout perdre : sa femme, son appartement, ses amis et même sa fierté. Il perd tout afin de protéger son fils. Et Il perd tout juste pour pouvoir avoir une chance d'assurer un avenir meilleur à son fils. Pour ça il va se battre contre tous les préjugés (le père peut-il s'occuper des enfants aussi bien que la mère ? un homme sans études peut-il obtenir l'un des postes financiers les plus en vue ? Un Noir dans un univers de Blancs peut-il faire son trou ?) et au final prouvera sa valeur à tous. Une histoire remuante, jouée avec le plus grand brio par l'un des meilleurs acteurs américains contemporains.

Maintenant notre critique Pierre Langlais, certainement pour bien montrer qu'il rejetait toute association avec son nom de famille, a décidé de détester le film, bien qu'admettant toutes ses qualités. Il le déteste néanmoins, car le film parle d'un sujet tabou pour lui et pour les autres dinosaures gauchistes survivant encore dans certaines vallées perdues du paysage audiovisuel français : l'argent. Le fait que le rêve d'un pauvre sans le sou, dans une misère noire, soit de devenir riche... c'est obscène. Et le fait qu'il puisse y arriver par son travail... grotesque. À la limite, le tiercé ou le loto, ça va. Mais le travail et le mérite... notre critique en vomit tellement c'est indigne. Personnellement c'est une valeur qui ne me révolte pas. Bien que je ne la partage pas (j'ai tendance à rejeter toute forme de travail autoritairement imposée, mais c'est un problème propre aux générations post-STO), je comprends cette valeur travail. Et contrairement aux croyances, il ne s'agit pas d'une invention américaine, mais d'un héritage de... la Révolution Française. La noblesse abhorrait le travail, et il était illégal pour les nobles d'effectuer un travail rémunéré (à part la marine marchande). Mais la bourgeoisie, qui a rejoint le niveau social de la noblesse grâce à son dur labeur, a réinstauré le travail comme valeur républicaine. Mais la bible soutenait cette valeur également (« lorsque nous étions chez vous, nous vous disions expressément, si quelqu'un ne veut pas travailler, qu'il ne mange pas non plus » Thessaloniciens 3:10).

Vouloir devenir riche ne devrait pas être tabou en France. On peut être solidaire et laisser à chacun la liberté de chercher plus de reconnaissance sociale. On peut apprécier que l'État redistribue les richesses tout en espérant pouvoir devenir plus riche. C'est bien ça le cœur du modèle français, qu'on le reconnaisse ou pas. Aujourd'hui la reconnaissance sociale est plus souvent atteinte par l'argent et le mérite que par le pouvoir politique et le droit du sang. Ce n'est pas forcément plus mal.


*hourra à l'amitié franco-allemande. Comprenne qui pourra.

27 janvier 2007

Scientifisme

Il semble que la nouvelle excuse à la mode* pour s'entretuer entre gens civilisés soit : les différences religieuses. Je dis bravo ! Quand on y pense, il y a à peine une quinzaine d'années on en était encore réduit aux idéologies économiques. Lamentable. Elles avaient succédé aux nationalismes des deux Guerres Mondiales, mais avaient vraiment pâli en comparaison. Un nombre de victimes annuel très faible, de la tension mais pas d'action... de grandes attentes déçues. Pour reprendre le flambeau et revenir au bon vieux temps des tueries gratuites qui forment la jeunesse, il était temps de trouver mieux. Et pourquoi ne pas se pencher vers les recettes dont l'histoire a prouvé l'efficacité ? Devant le record à battre, que demander de mieux qu'une bonne petite inquisition, des attentats suicide, ou une vraie croisade comme il faut ? Avec les moyens de destruction modernes, on retrouvera vite l'excitation perdue depuis la chute des anciens champions...

Trêve d'ironie gratuite, il est tout de même vrai que les religions et leurs extrémistes en tous genres ajoutent à la confusion générale. Mais il n'est pas question pour autant de se tromper d'ennemis et de se lancer dans la rhétorique du soi-disant "clash des civilisations". De tous les XXème et XXIème siècles il n'y a jamais eu aussi peu de guerres dans le monde qu'aujourd'hui. Elles sont également bien moins meurtrières. Tout cela pour une seule et simple raison : la chute d'une des deux dernières grandes idéologies, et la remise en question de la seconde. Face au constat d'échec du communisme et à l'attente insatisfaite du monde meilleur promis par l'hégémonie du capitalisme, ceux qui auparavant étaient si prompts à suivre un bon orateur et une foule imbécile remettent leurs idées en question. Internet permet de propager, mais aussi bien de vérifier la véracité d'assertions capitales comme le fait que les juifs aient en effet été victimes d'un génocide, ou quelle était vraiment la teneur des discours du Pape. Les idéologies ont donc la vie dure de nos jours. Et si ceux qui veulent exciter les foules se jettent sur les arguments religieux, c'est avec moins de succès que l'on veut nous le faire croire.

Mais il y a une idéologie qui monte tout de même en puissance, et elle progresse en réaction à ces rumeurs de fanatisme religieux. Elle est dangereuse car elle se réclame de la bien-pensance occidentale mais tombe dans les mêmes pièges que toutes les autres idéologies. Elle contribue en fait à rajouter de l'huile sur un feu qui ne demande qu'à devenir un incendie. Il s'agit de ce que nous pourrions désigner, faute de mieux, comme le scientifisme. Que ce soit en occident ou en Orient, les élites athées et progressistes se découvrent semble-t-il une vocation d'Atatürk. Ils proclament qu'ils doivent faire sortir ces pays de l'obscurantisme musulman où ils sont plongés, et prennent excuse du moindre incident religieux dans la zone pour exiger l'abandon immédiat de toutes les traditions millénaires de ces peuples "attardés". Ainsi voyons l'exemple de Wafa Sulta. Sa démarche est courageuse et elle expose probablement sa vie à un danger de mort en exposant ainsi ses vues sur l'Islam et son "obscurantisme". Les extrémistes se détestent entre eux encore plus qu'ils ne détestent les modérés. Néanmoins Mme Sulta est sans aucun doute l'un de ces scientifistes acharnés dont je parle, prête à se battre pour la supériorité de son idéologie sans aucun regard pour les arguments adverses, et sans entendre les voix de la modération et de la tolérance. L'autre camp est certainement dans l'erreur, mais ça ne donne pas à Mme Sulta et à ses acolytes une justification pour se laisser tenter par les excès inverses.

Comment reconnaître les tenants du scientifisme ? Comme tous les –isme, cette idéologie est absolue, dénonce l'ensemble des idéologies concurrentes et détient toutes les réponses aux grandes questions existentielles. Un scientifiste sait comment le monde a été créé et tient absolument à ce que tout le monde accepte ces faits totalement indéniables. Il sait quelle est la meilleure façon de vivre pour tous les peuples du monde, et ce mode de vie ressemble étrangement au sien... Il a un modèle social qu'il tient pour supérieur et l'impose aux autres cultures, même celles qui semblaient marcher très bien sans son intervention (pensons au FMI qui a réussi à totalement ruiner l'Argentine, le troisième plus riche pays des Amériques). Les scientifistes ont également leurs tics de langage comme toutes les autres idéologies. Ainsi on entendra des "le monde serait quand même mieux sans religions" et des "c'est un scandale tous ces gens qui croient dur comme fer que la Terre a été créée en sept jours quand même" dans leurs discussions de bistro. Ils ont généralement une formation scientifique de base, cependant sans réelles connaissances génétiques ou astrophysiques leur permettant de justifier les argumentaires d'autorité qu'ils développent. Enfin, ils ont surtout oublié le principe de base de l'esprit scientifique : douter de tout ce que tu sais.

Les extrémistes sont dans tous les camps. Les économistes, les nationalistes, les religieux et les non religieux. Même des humanistes finissent eugénistes. Je vais conclure sur une banalité (je l'assume) : rien n'est mauvais en soi, seul les excès le sont. C'est un lieu commun, mais ce monde semble l'oublier...


*en français dans le texte