07 avril 2006

By popular demand, an other round for the CPE


L'image de la France à l'étranger semble s'améliorer à chaque semestre. Quand ce n'est pas Le Pen au second tour, le non au référendum ou les émeutes dans les banlieues, il faut que les étudiants bloquent leurs propres facs et manifestent dans la joie et les vitrines brisées. Afin, bien entendu, de défendre cette valeur bien Française : l'immobilisme.

Comme l'illustre la couverture de l'economist de la semaine dernière et l'article qui y rapporte, le monde reste sceptique face à l'attitude Française de rejet pure et simple de tout ce qui peut sembler libéral. Et également face à l'attitude de Jacques Chirac, qui en 11 ans de règne a permis au PIB Français de se faire dépasser par ceux du Royaume-Uni et de l'Irlande et fait passer la dette de 55% à 66% du PIB... L'article cité plus tôt a d'ailleurs ce commentaire désabusé sur Chirac : "His chief preoccupation seems to be to avoid shaking the conservative French consensus, and even that unambitious objective has been missed." (Sa première préoccupation semble être d'éviter de secouer le conservatisme français, mais il a même réussi à rater cet objectif si peu ambitieux).


Non pas que le CPE soit une bonne mesure. C'est probablement une idée à peu près aussi brillante et efficace que les 35 heures ou les emplois-jeunes : une couche de peinture sur un mur s'écroulant de toute part. Et elle aurait probablement finie recouverte par la couche suivante elle aussi. Mais premièrement, il se trouve que dans les pays civilisés (même les américains), lorsqu'une majorité de la population est en désaccord avec une mesurette d'un gouvernement - et c'est vraiment le mot adéquat - on se contente de manifester, signer des pétitions, faire couler la côte de popularité des dirigeants et finalement leur faire perdre les élections. Pour paralyser un pays, son système éducatif et ses services public, il faut, au minimum, une atteinte à la démocratie et aux libertés. Mais en France, on se refait une révolution comme pour le plaisir, en souvenir du bon vieux temps.

Et c'est bien de cela qu'il s'agit, le bon vieux temps. L'époque de l'emploi à vie est finie, le code du travail est périmé. Les jeunes ne trouvent pas d'emploi parce que le marché du travail est verrouillé par les privilégiés bénéficiant d'un CDI et d'une forte protection syndicale : les employeurs ne peuvent pas s'en débarrasser, et donc n'embauchent pas les jeunes, même plus qualifiés, à leur place (coût du turnover trop élevé) ni n'embauchent d'autres CDI (stratégie de contournement). Cet état de fait favorise les insiders face à l'intérêt général, et les outsiders sont condamnés à la précarité et au chômage. Il s'agit d'
un modèle néo-keynésien classique dont on semble peu se soucier en France... alors que l'on adopte allègrement les vieilles thèses keynésiennes en créant emplois jeunes, RMIs et SMICs. Ces thèses datent tout de même des années 30 et ont prouvé leur parfaite inutilité à long terme. Mais qu'importe !

Alors empressons nous de rejeter le modèle Anglais (qui a tout de même un SMIC plus élevé que le notre, un RMI à 600€ et une SÉCU presque aussi bonne que la notre), ignorons le modèle scandinave (qui arrive bizarrement à concilier sécurité de l'emploi et flexibilité pour les entreprises... Quel prodige ! ), et fonçons droit dans notre mur. Tant qu’il est Français, où est le problème ?