07 février 2007

Bonheur à vendre... Dernières démarques !

En ces périodes de soldes et de Saint Valentin, il est de bon ton de parler de bonheur en tube, de bonheur industriel. L'horrible mode viendrait des États-Unis (on ne sortira donc jamais de notre complexe Corn-Flakes). Mais en bon polémiste, j'ai bien envie d'en parler pour dire que je suis pour...

En fait, le vrai sujet de cet article est un film que je suis allé voir et qui est tout à fait dans le ton : Il s'agit du film A la recherche du bonheur. En parcourant le lien attaché au nom du film vous pourrez en lire une critique éclairée. Vu que je vais dans un instant descendre cette critique avec le plus grand talent (critiquer les critiques est un exercice assez facile, donc il n'y a pas de raison que je me prive de ce bonheur), je vous conseille de la lire. Il se trouve que j'avais beaucoup aimé ce film. Lorsque je l'ai vu, j'étais certes bien accompagné*. Mais ça n'a pas (trop) altéré mon jugement, et j'ai aussi sincèrement apprécié le film. Will Smith est un excellent acteur, et les success stories authentiques m'ont toujours impressionné. Il s'agit ici de l'histoire d'un homme qui va tout perdre : sa femme, son appartement, ses amis et même sa fierté. Il perd tout afin de protéger son fils. Et Il perd tout juste pour pouvoir avoir une chance d'assurer un avenir meilleur à son fils. Pour ça il va se battre contre tous les préjugés (le père peut-il s'occuper des enfants aussi bien que la mère ? un homme sans études peut-il obtenir l'un des postes financiers les plus en vue ? Un Noir dans un univers de Blancs peut-il faire son trou ?) et au final prouvera sa valeur à tous. Une histoire remuante, jouée avec le plus grand brio par l'un des meilleurs acteurs américains contemporains.

Maintenant notre critique Pierre Langlais, certainement pour bien montrer qu'il rejetait toute association avec son nom de famille, a décidé de détester le film, bien qu'admettant toutes ses qualités. Il le déteste néanmoins, car le film parle d'un sujet tabou pour lui et pour les autres dinosaures gauchistes survivant encore dans certaines vallées perdues du paysage audiovisuel français : l'argent. Le fait que le rêve d'un pauvre sans le sou, dans une misère noire, soit de devenir riche... c'est obscène. Et le fait qu'il puisse y arriver par son travail... grotesque. À la limite, le tiercé ou le loto, ça va. Mais le travail et le mérite... notre critique en vomit tellement c'est indigne. Personnellement c'est une valeur qui ne me révolte pas. Bien que je ne la partage pas (j'ai tendance à rejeter toute forme de travail autoritairement imposée, mais c'est un problème propre aux générations post-STO), je comprends cette valeur travail. Et contrairement aux croyances, il ne s'agit pas d'une invention américaine, mais d'un héritage de... la Révolution Française. La noblesse abhorrait le travail, et il était illégal pour les nobles d'effectuer un travail rémunéré (à part la marine marchande). Mais la bourgeoisie, qui a rejoint le niveau social de la noblesse grâce à son dur labeur, a réinstauré le travail comme valeur républicaine. Mais la bible soutenait cette valeur également (« lorsque nous étions chez vous, nous vous disions expressément, si quelqu'un ne veut pas travailler, qu'il ne mange pas non plus » Thessaloniciens 3:10).

Vouloir devenir riche ne devrait pas être tabou en France. On peut être solidaire et laisser à chacun la liberté de chercher plus de reconnaissance sociale. On peut apprécier que l'État redistribue les richesses tout en espérant pouvoir devenir plus riche. C'est bien ça le cœur du modèle français, qu'on le reconnaisse ou pas. Aujourd'hui la reconnaissance sociale est plus souvent atteinte par l'argent et le mérite que par le pouvoir politique et le droit du sang. Ce n'est pas forcément plus mal.


*hourra à l'amitié franco-allemande. Comprenne qui pourra.

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